Selon la tradition amérindienne, le castor est un animal noble et travaillant, synonyme de bâtisseur et est un être d’action. On reconnaît aussi au castor ses grandes valeurs familiales et de travail en équipe. Cette belle légende amérindienne souligne les traits de cet animal bien de chez nous : Lorsque le Grand Esprit en vint à créer tous les animaux de la forêt, aucun n’avait de queue. Le Créateur pensa qu’il leur manquait quelque chose. Il leur confectionna alors des queues. Il confectionna toutes sortes de queues pour tous les animaux et les oiseaux ; longues, effilées, touffues, poilues, courtes, etc. Puis il réunit tous les animaux dans la grande clairière. Le Créateur leur dit qu’ils pouvaient choisir la queue qu’ils préféraient. Tous les animaux étaient heureux de ce magnifique cadeau. Les castors choisirent une belle queue longue et ornée d’une magnifique fourrure qui brillait au soleil. Les lièvres, qui comme d’habitude s’étaient amusés en chemin, arrivèrent les derniers et n’eurent d'autre choix que de prendre ce qui restait, soit une petite touffe de poils. Mais, ils étaient tout de même bien contents de ce présent.
Quelques jours passèrent et un gigantesque feu se déclencha dans la forêt. Il y avait de la fumée partout, on ne voyait plus rien. « Au feu ! », s’écriaient les corbeaux et les merles. Les animaux en panique s’étaient rassemblés dans la clairière. « Mais que pouvons-nous faire? Si le feu brûle tous les arbres, il ne restera plus d’abris, ni de nourriture. » Et les castors de dire : « Nous n'aurons plus de bois pour faire nos barrages! » Les castors dirent alors aux autres animaux de fuir et de quitter de la forêt. « Nous allons nous charger du feu. Mettez-vous tous à l’abri. » Les castors se sont mis à tremper leurs queues pleines de poils dans tous les ruisseaux qu’ils pouvaient trouver et battaient les flammes avec elles. Ainsi, ils effectuèrent de nombreux aller-retours pour mouiller leurs queues et battre les flammes. Leur combat contre le feu a duré plusieurs semaines. Et finalement, ils sont venus à bout d’éteindre la dernière étincelle. « Hourra! On a réussi! »
Heureux de ce dénouement, ils partirent à la rencontre des autres animaux qui s’étaient rassemblés dans la grande clairière. Tous ont manifesté leur joie de les voir revenir. Mais soudain, leurs yeux s’écartèrent et ils demandèrent aux castors ce qui était arrivé à leurs belles queues touffues, maintenant toutes brûlées et aplaties. Les castors regardèrent leurs queues et virent qu’elles n’avaient plus aucun poil et qu’elles étaient devenues toutes larges, dures et plates. Le Créateur, qui avait entendu les animaux, offrit aux castors : « Si vous le désirez, je vous fabriquerai d’autres belles queues identiques à celles que vous aviez choisies. Vous le méritez bien. Toutefois, si vous conservez vos queues telles qu’elles sont, tous se souviendront, en les voyants, du combat que vous avez mené contre le feu. Et de génération en génération, on racontera votre histoire. » Les castors se consultèrent et décidèrent à l’unanimité, de conserver leurs queues telles qu’elles étaient depuis l’incendie. Il était préférable de raconter l’histoire de leur courage, plutôt que celle de leur vanité. 1
Cette légende, en harmonie avec la philosophie que nous souhaitions apporter à notre école, a inspiré notre démarche par ses valeurs et ses nombreux messages humanistes : la concertation, l’esprit de groupe, la solidarité, le courage, le dévouement, le respect de la nature, la détermination, la collaboration et le discernement...
C’est bien un hommage à ce courageux animal que l’on peut deviner à travers le logo de Sorène : un castor bienveillant, tourné vers la nature, qui porte dans ses bras son petit. Créé par Maurane, une jeune étudiante en infographie qui a aimé notre projet et a accepté de mettre son talent à profit de notre école bénévolement, ce logo incarne union, famille, nature et sérénité.
De plus, quel magnifique signe du destin que d’avoir croisés sur notre route Stéphanie et Michaël, propriétaires d’une maison au cadre rural paradisiaque, implantée à Buvrinnes qui étymologiquement signifie « la rivière des castors » ! Tous deux séduits par ce projet en adéquation avec leurs valeurs, ils ont permis à notre école de trouver racine.
Mais comment Sorène est-elle réellement née ?
Au départ, une personne, Sophie Vandersteen, avec une conviction profonde : il existe une autre façon d’enseigner. Professeur en mathématique dans le secondaire et artiste mélomane, Sophie a toujours eu le sentiment d’avoir une vision différente du monde et de l’enseignement, à mille lieues du regard posé sur les adolescents par une société qui semble jubiler de leur accoler une étiquette de « fainéants ». Depuis le début de sa carrière, Sophie a l’impression de vivre un conflit intérieur entre ce que le règlement d’une école impose et ses propres convictions.
Dans le cadre de son travail, elle découvre que lorsqu’elle établit une relation de confiance avec un jeune, la « bosse des maths » (que soi-disant on a ou on n’a pas) est un faux précepte qui n’existe tout simplement pas. Cette dénomination réductrice serait une pure invention de notre société, comme le défend très bien Stella Baruk2, dans son livre « Échecs et Math ». En réalité, ce que Sophie défend et que l’expérience lui confirme à de multiples reprises, c’est que n’importe qui est capable de résoudre une équation, le tout est de lui en donner les moyens.
Et c’est comme cela que Sophie voit ses élèves : surprenants, intelligents, plein de volonté, capables, et lorsque confrontés à une tâche difficile, débordants d’envie de se surpasser. Un groupe, fort de toutes ses individualités, compte dans son entièreté, chacun regorge de capacités qui ne demandent qu’à trouver confiance et se dévoiler.
Devenue entre-temps maman de deux enfants, Sophie comprend à quel point le rythme est important. À la vue de leurs premiers pas et premiers mots, il est surprenant de constater à quel point ils ont pu se débrouiller seuls, à leur propre rythme. Cela devient alors une évidence : préservons et respectons le rythme de nos élèves comme celui de nos enfants, offrons-leur patience et attention pour que personne ne tombe du bateau.
La réflexion se poursuit : créons une école où la punition est exclue, pour laisser place à la réparation, et où les évaluations chiffrées n’existent pas car elles ne contribuent pas au développement de chaque enfant. Bannissons le concept d’échec (tout comme celui de récompense), observons le rythme de nos voisins finlandais qui détiennent le record des enquêtes PISA grâce à l’épanouissement personnel des enfants qu’ils prônent sans relâche. Car il est bien là l’objectif principal que toutes les écoles devraient défendre, pour le bien-être de tous : l’épanouissement. Car là où il y a épanouissement, il y a réussite, elle en est la conséquence naturelle.
Sorène avait trouvé sa philosophie, ses préceptes et sa ligne directrice. Restait à trouver l’élan de la concrétiser.
Laurène Fourmy, amie de Sophie et ancienne enseignante en histoire et géographie, elle- même empreinte d’une vision différente de l’enseignement, a immédiatement adhéré au projet et a contribué à son lancement, notamment par son aide dans la création de l’ASBL. Forte de l’impulsion et du soutien que lui offrait son nouveau binôme, Sophie porta à bout de bras le projet et donna enfin naissance à « Sorène » (contraction de « Sophie » et « Laurène »), en remerciement pour l’élan et la confiance qu’apporta Laurène dans la concrétisation du projet d’une vie.
1 Source : https://www.motoneiges.com/blog/legendes-amerindiennes-les-castors.html
2 Source : Wikipédia